Avant 1982 le point d’indice était indexé sur les prix. Quand les prix augmentaient, le point d’indice augmentait tout autant ce qui garantissait le pouvoir d’achat des fonctionnaires. Afin de lutter contre l’inflation, le gouvernement de l’époque décide de désindexer la valeur du point d’indice sur l’augmentation des prix. Or, l’inflation a rapidement été maitrisée. La valeur du point d’indice est alors devenue une variable d’ajustement dans l’élaboration du budget de l’Etat. Le budget étant par nature en déficit, il n’y a aucune raison que les gouvernements ne cessent, au nom de la lutte contre ces déficits, de ponctionner le pouvoir d’achat des fonctionnaires. C’est pour cette raison que nous devons réagir et exiger la mise en place de mécanismes qui garantissent, a minima, ce pouvoir d’achat.
Dans les faits, entre 1982 et 2000, le pouvoir d’achat avait déjà diminué de plus de 10%. Cette baisse s’est accrue depuis 2000, car depuis le début du siècle est encore de 15%.
Pour un enseignant en milieu de carrière cela représente une perte annuelle d’environ 3600€.
Depuis toutes ces années, les fédérations de fonctionnaires, et plus particulièrement la FSU, n’ont eu de cesse de s’opposer à cette politique salariale. De nombreuses actions ont été menées ces dernières années pour exiger la fin du gel du point d’indice et un rattrapage des pertes de pouvoir d’achat. Ce fut encore le cas le 26 janvier dernier à l’appel de la FSU, CGT, FO et Solidaires.
Sachant qu’un rendez-vous salarial se profilait en fin février ou début mars, la CGT, FO et Solidaires décident d’appeler tous les agents de la fonction publique à se mettre en grève pour établir un rapport de force afin de peser sur les choix du gouvernement. La FSU les rejoint car elle partage les revendications portées et pense que cela peut-être le départ de la construction d’un plan d’action pouvant amener à une autre grève si les propositions gouvernementales sont jugées insatisfaisantes.
Un mois après le 26 janvier la FSU était à l’initiative d’une intersyndicale Fonction Publique afin de convenir d’une stratégie unitaire pendant le rendez-vous salarial. Cela a débouché par un appel commun des organisations syndicales, Cgt, Cfdt, Cgc, Fa-Fp, Fsu, Solidaires et Unsa (vous noterez que déjà une organisation manquait à l’appel et ne proposait rien en terme d’action pour porter les revendications de la Fonction Publique) qui appelaient à la mobilisation des agents de la Fonction publique le 22 mars y compris par la grève et les manifestations si les annonces faites par le gouvernement le 17 mars étaient trop éloignées de leurs attentes. Stratégie unitaire très cohérente et porteuse d’espoir pour les 5,5 millions d’agents publics. Cet appel fut confirmé le 9 mars par ces mêmes organisations.
Afin de bien comprendre le dénouement regrettable, on ne peut faire l’impasse sur le combat contre la « loi travail » qui est venu parasité celui sur le dégel du point d’indice. Bien que pas directement concerné, à court terme (même si cette loi est potentiellement dangereuse pour les fonctionnaires à moyen et long terme), la FSU a participé et participe pleinement dans cette lutte dans un cadre unitaire interprofessionnel. Mais contrairement à d’autres organisations le combat contre la loi travail et la perspective d’une grève interprofessionnelle le 31 mars, ne pouvait et ne devait occulter les problématiques propres à la Fonction Publique.
Pendant tout ce temps, la FSU s’est employée à construire un mouvement syndical unitaire le plus large possible en appelant les autres organisations syndicales à dépasser leurs propres stratégies, qui ne conduisent qu’à la division et l’affaiblissement du mouvement syndical. Afin d’être cohérent avec les précédentes actions Fonction Publique et notamment celle du 26 janvier et notre discours, la FSU des Landes a maintenu son appel à la grève et à la manifestation pour dénoncer les propositions gouvernementales sur le point d’indice : 1,2% en 2 ans soit 10€ par mois en moyenne, puis 20€ par mois à partir de février 2017.
La FSU des Landes a donc été la seule, avec la cfdt, à défendre tous les agents de la Fonction publique et les services publics.
Une certaine organisation se pavane de la faible mobilisation du 22 (et donc se félicite que les fonctionnaires ne se soient pas mobiliser suite aux annonces gouvernementales) en claironnant que la véritable et unique action est celle du 31. Irons nous jusqu’à faire le raccourci que cette même organisation semble se satisfaire de la politique salariale dans la Fonction Publique ?
Il ne faut mentir aux agents de la Fonction Publique ! Le 31 on ne parlera pas de leurs revendications et notamment du point d’indice et d’ailleurs certains syndicats ne s’en cachent plus en appelant les fonctionnaires à se mettre en grève uniquement contre la loi travail.
Pour preuve voici un extrait du dernier mail de Fo aux écoles : « C’est cela dont il est question aujourd’hui pour faire plier le gouvernement et gagner sur le retrait du projet de la « Loi Travail …. ». On note bien ici l’absence de revendications propres aux fonctionnaires.
A la FSU des Landes nous avons fait le constat que cette journée d’action, préparée et construite selon un plan d’action cohérent, s’est vue progressivement vidée de ses forces par un appel de plus en plus frileux de la part des autres fédérations de fonctionnaires (sous pression de leur confédération), mais également par effet boule de neige de notre propre fédération et de ses syndicats nationaux. D’où une mobilisation rendue encore plus difficile dans ces conditions.
Nous considérons que le choix délibéré du 31 au détriment du 22 est une erreur stratégique de la part de toutes les organisations syndicales prétendant défendre les agents de la fonction Publique. Visiblement tous n’ont pas pris conscience des enjeux réels de la journée du 22 qui ne se limitaient pas au gain de quelques dixièmes de point de pourcentage d’augmentation du point d’indice mais à la contestation d’une politique salariale qui à terme ne peut mener qu’à la paupérisation des personnels et la dépréciation des services publics.
La FSU des Landes peut se satisfaire d’avoir tenu bon et d’avoir fait preuve de cohérence avec ses mandats à savoir la défense des services publics de qualité, de ces agents, de leur salaire et de leur pouvoir d’achat, malgré la pression des autres organisations et la campagne calomnieuse d’une en particulier.
Pour nous, ne pas appeler au 22 avait valeur d’acceptation de la hausse seulement de 1,2% sur 2 ans, voire d’un satisfecit. A la FSU des Landes nous ne pouvions nous y résoudre sans avoir le sentiment de trahir les agents que nous représentons.
Nous ne pouvons que regretter d’avoir été quasiment les seuls à prendre conscience des enjeux réels de cette journée d’action et des ses conséquences futures sur nos salaires et sur les services publics !