D’abord observée avec un certain scepticisme -était-ce vraiment plus dangereux qu’une grippe ? – l’épidémie de coronavirus a, rapidement après la reprise des vacances de février, été un sujet d’alerte pour le SNES-FSU. Avant même l’annonce de la fermeture des écoles, nous avions interpellé les services de la DSDEN sur la situation épidémique et la question de la protection des personnels, lors du CHSCTD du 12 février. La présence d’un cas dans un lycée du département avait suffi à montrer les errements de la gestion du problème, par la direction de l’établissement et par l’ARS, à montrer les interconnexions nombreuses dès lors qu’un cas était avéré, et à susciter une certaine angoisse. Depuis, plus personne ne met en doute la dangerosité de ce virus qui révèle les failles béantes de notre système

 

sanitaire, maltraité depuis des lustres par les gouvernements successifs. Les établissements scolaires sont fermés et les personnels sont en télétravail. Malgré la communication erratique du gouvernement, nous sommes bien au travail. Bien que les personnels parents d’enfants de moins de seize ans puissent demander une autorisation spéciale d’absence, bien peu se sont saisis de cette opportunité. L’immense majorité d’entre eux assure la continuité du service public, et tente de limiter au mieux la discontinuité pédagogique de leurs élèves et de leurs enfants à la fois, exercice acrobatique s’il en est.

Cette période, inédite pour notre système scolaire, sera attentivement scrutée une fois la crise passée. Quoi qu’ait pu en dire le Ministre, l’école n’était pas prête : de nombreux personnels ne sont pas suffisamment formés aux outils numériques pour exploiter leur potentiel dans ce moment, les plates-formes continuent à montrer des signes de faiblesse aux « heures de pointe », beaucoup d’élèves n’ont pas le matériel nécessaire, beaucoup de professeurs non plus. Pour les uns comme pour les autres, il n’y a pas nécessairement dans le foyer un ordinateur par personne qui en a besoin, la connectivité n’est pas toujours optimale, certains élèves ne disposent que d’un téléphone pour faire leur travail. Malgré ce, les personnels font tout leur possible, et parfois au-delà, pour maintenir le lien.

Ce moment difficile pour notre pays tout entier offre l’opportunité d’une expérimentation grandeur nature pour l’école à distance, pour une école sans professeurs et élèves face à face, sans personnels d’éducation et de surveillance, avec un accompagnement des élèves handicapés et à besoin particulier qui se fait à la maison. Même s’il est évident qu’aucun gouvernement n’irait jusqu’à une école éternellement à distance, le risque est grand que cette période particulière ne débouche sur des propositions nouvelles, à plus ou moins long terme, qui seraient autant de propositions d’économies ou autant de nouvelles obligations de service. Après tout, un professeur ne pourrait-il pas faire cours virtuellement à de très nombreux élèves pendant que d’autres reprendraient des exercices en présentiel ? Si nous pouvons actuellement travailler depuis chez nous tout en gardant nos enfants, ne nous demandera-t-on pas ensuite de faire la même chose lorsque nos enfants seront malades ?

Par conséquent, continuons à assurer notre mission de service public, assurons une veille pédagogique, mais ne cherchons pas en vain à rendre ce temps particulier sans conséquence sur les apprentissages, nous risquerions d’en faire les frais ultérieurement.