Durant ces quatre semaines de confinement, l’intersyndicale des Landes a insisté pour qu’un dialogue social s’opère entre les partenaires sociaux et les représentants de l’état sur les conditions de travail de toutes.s les employé.es landais.es. Ces échanges ont pris la forme de deux « tables rondes téléphoniques » entre les  demandeurs (CGT, FO, FSU), d’autres représentants des personnels, des syndicats patronaux,  la DIRECCTE et  la préfecture, avec la présence de Madame Cécile BIGOT-DEKEYZERl nouvelle préfète des landes à la deuxième réunion, ainsi que du représentant départemental de l’ARS.

Sur la problématique des protections, l’ARS estime avoir distribué suffisamment de masques dans toutes les structures médico-sociales qui en avaient besoin à partir du 18 mars. Pour eux, et alors que les articles nationaux s’accumulent sur les mensonges de l’état sur ce sujet, la doctrine sur les masques n’a pas changé : à savoir, la protection est nécessaire pour les soignants en lien direct avec les malades. Cependant, comme les stocks le permettent désormais, le représentant a précisé qu’il était possible d’aller au-delà et la distribution s’est étendue à toutes les structures en lien avec les personnes à risques (EHPAD, soin à domicile, mais aussi, école ouverte à l’accueil d’enfants, etc.).  Mais ces moyens doivent être réellement utilisés, car sa vision comptable des chiffres de masques distribués aux structures semble être biaisée par rapport aux remontées des personnels. Ceux-ci continuent à estimer que les moyens manquent. En effet, les masques ne sont qu’une partie des protections nécessaires (blouse, gants, etc.) et certaines directions semblent peu enclines à distribuer tout le matériel et font du surstockage.

Nous avons aussi appris qu’une partie des chefs d’entreprise (incarnée ici par le MEDEF) se comporte comme des cowboys, des pirates ou des marchands de tapis suivant où va leur profit, pour proposer ou vendre leurs services. Ils jouent sur le manque de matériel de protection en se vantant que par leur « filière » ils ont pu se procurer des masques, augmentant certainement, de ce fait, la tension des marchés. Ils n’hésitent pas à s’en servir comme moyen de propagande en réservant leur stock pour leurs adhérents. On est à la limite du trust qui organise le manque sans intervention de la préfecture qui au contraire précise que c’est tout à fait possible dans les limites autorisées. Nous sommes encore très loin de la solidarité escomptée. Cependant une autre partie des représentants patronaux (BTP essentiellement) dénonce leur unique responsabilité dans la mise en sécurité des salarié.es et le manque de moyens pour appliquer les mesures qui leur sont conseillées dans les fiches de maintien d’activité. Ils se montrent assez réticent.es à demander à leurs employé.es de reprendre les chantiers dans ces conditions. Et lorsque la FSU évoque le cas des apprentis qui doivent être particulièrement protégés et qui normalement ne sont pas essentiels à l’activité, ce sont les premiers à répondre qu’en effet ils doivent rester chez eux. Précautions que d’autres catégories de chef.es d’entreprise refusent de prendre, à l’exemple des artisans de l’agroalimentaire et des services de proximité qui estiment avoir fait les efforts de protections nécessaires et ont besoin de tous les personnels, apprentis compris … même s’ils n’ont pas des masques pour tout le monde ! Le monde syndical est très peu représenté dans ces petites entreprises et il est très difficile de connaître les conditions exactes de travail et la réalité des précautions prises. Peut-être avons-nous juste la chance d’être dans un département peu touché pour l’instant.

À la sortie de ces tables rondes, il est évident que la préfecture pousse de plus en plus à la reprise de l’activité sans se donner les moyens de contrôle ou d’aide logistique. Des informations nous laissent à penser qu’elle mettrait même en balance le paiement des aides aux entreprises sur les 3 premières semaines pour précipiter la relance économique. Il est déplorable d’entendre Mme la préfète remercier les caissières et l’ensemble des travailleuses.rs qui font fonctionner les secteurs essentiels alors que dans le même temps elle refuse toute décision qui amènerait à mieux les protéger ou à les laisser se reposer (fermeture le dimanche) sous des prétextes fallacieux (des plages d’ouverture plus large permettent aux clients de ne pas se croiser, niant complètement l’effet d’appel d’air que cela provoque). Elle refuse bien sûr aussi de définir les activités essentielles et appelle toutes les entreprises à reprendre le travail en assurant la protection des salarié.es.

Si nous étions pessimistes, nous verrions dans ces positions le résultat de la dérégulation accélérée de ces dernières années et de la perte de pouvoir des services de l’état dans les domaines économiques. L’image grossie d’une société où les entreprises ont plus de libertés que les individus. Avec, parmi ces individus, ceux et celles qui, bien que confiné.es, peuvent se protéger par le télétravail et les autres qui sont soumis au bon vouloir et à la responsabilité de leurs patrons. L’état se limite désormais à de la Hotline pour conseiller ou recevoir des signalements, car la Direccte n’est dotée que de 10 agents pour les contrôles sur le département et dans la situation actuelle, ceux-ci se voient confier d’autres missions d’accompagnement. Nous n’avons entendu parler d’aucune sanction pour les entreprises, alors que les exemples de mauvaises pratiques se sont accumulés, quand l’amende pour une personne qui contrevient aux règles de confinement représente plus de 10% d’un SMIC. Ce n’est certainement pas les prémices attendues d’une évolution vers une société meilleure.

C’est pourquoi la FSU des Landes, en collaboration avec les autres organisations syndicales départementales, continue de demander que seuls les services essentiels puissent se poursuivre avec la mise à disposition de toutes les protections organisationnelles et matérielles nécessaires en attendant le prochain dé-confinement. Elle exige aussi que celui-ci se fasse dans des conditions optimales de sécurité des travailleurs et travailleuses avec notamment la mise en place à grande ampleur de tests sérologiques. Plus que jamais, les organisations syndicales démontrent leur rôle essentiel alors que dans chaque secteur d’activité la cohésion des personnels et leur solidarité sont nécessaires pour que soit préservée leur santé. Ensemble nous resterons vigilant.es face aux dérives qu’une reprise économique prématurée pourrait produire.