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Déclaration des représentant·es FSU au CSA-SD 2nd degré
du jeudi 13 février 2025
Monsieur le DASEN, Mesdames et Messieurs les membres du CSA SD,
Six ! Nous en sommes à six ministres de l’Éducation nationale depuis 2022. Cette instabilité est révélatrice du peu de considération de la sphère politique et de la méconnaissance de la situation dramatique dans l’Éducation nationale. La dernière ministre en date n’a-t-elle pas affirmé : « je ne crois pas qu’on attende d’un ministre qu’il soit un spécialiste de ses sujets ». C’est malheureusement ce que nous constatons depuis plus de deux ans et ce n’est pas parti pour s’arranger ! Malgré cela, l’orientation idéologique qui veut que l’Éducation soit une charge pour la société, qu’elle ne remplisse pas ses missions, que ses personnels ne travaillent pas suffisamment, prévaut toujours et conduit à la situation que nous connaissons, à savoir des réformes qui s’empilent, une dégradation continue des conditions d’apprentissage pour les élèves et de travail pour les personnels avec une perte de sens de nos métiers.
Dans ce contexte, le budget présenté en décembre avait tout d’une ultime provocation. 4 000 suppressions de postes, 3 jours de carence, diminution de l’indemnisation des arrêts maladie, absence de revalorisation salariale… La colère des personnels s’est largement exprimée le 5 décembre faisant écho à l’alerte sociale intersyndicale déposée quelques semaines avant. Nos mobilisations ont permis de faire bouger les lignes, de mettre dans le débat public la question de l’état de l’École, et nous actons comme un premier pas l’annulation des 4 000 suppressions d’emplois d’enseignant·es et la création de 2 000 emplois d’AESH au plan national.
Le CSE s’est prononcé fin janvier pour le programme d’Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et à la Sexualité avec 60 voix pour (dont celles de la FSU) et 0 contre. C’est un pas décisif vers sa publication et sa mise en œuvre. Ce programme ambitieux est un levier essentiel pour favoriser la connaissance et l’estime de soi, les relations saines et faire reculer les violences sexistes et sexuelles, les violences intrafamiliales comme les discriminations de genre. Il mêle les dimension éducative et citoyenne pour permettre aux élèves de se connaître, de connaître les autres mais aussi de grandir comme citoyen·e éclairé·e dans la société complexe qui les entoure. Des chiffres relatifs aux violences sur les enfants jusqu’aux témoignages des personnels face aux manques criants depuis la loi de 2001 instaurant trois séances d’éducation à la sexualité par an et par niveau, tout montre l’urgence de ce programme. La FSU mettra désormais tout en œuvre pour que ce programme s’applique partout. Dès maintenant, une solide formation des personnels doit être organisée sur le temps de service avec notamment des échanges entre pairs et ne pourra se résumer à quelques modules en ligne. Il est nécessaire d’engager les moyens suffisants notamment en personnels sociaux et de santé tant pour la mise en œuvre de ces programmes que pour répondre à la libération de la parole qu’ils susciteront immanquablement. Il sera aussi indispensable de protéger les personnels contre toutes les attaques de groupes réactionnaires et d’extrême droite. Nous ne tolèrerons aucun recul face aux forces réactionnaires et d’extrême droite qui tentent de saper les fondements de l’École de la République et de la société.
Nous pensions avoir un léger répit fin janvier. Que nenni ! Quelle meilleure illustration de cet amateurisme budgétaire que cette triste pantomime autour du Pass Culture ? 30 janvier : L’annonce tombe, glaciale et brutale. En raison de restrictions budgétaires, il ne reste plus que 24h pour valider les projets liés à la part collective du Pass culture. D’abord rumeur, puis courrier des rectorats, en quelques heures, ce sont de multiples projets qui ont été suspendus au mépris du travail des personnels et de l’ambition d’ouverture culturelle de l’Ecole. Quand un gouvernement décide de supprimer, de la sorte, des moyens pour la Culture, à l’Ecole, cela en dit long de son projet sociétal, ce n’est en rien celui que nous portons au sein de la FSU.
S’agissant du « choc des savoirs » et de sa logique de tri, l’abandon de certaines mesures, résultat des mobilisations et de l’action syndicale, va dans le bon sens (fin du DNB barrage à l’entrée en seconde, extinction programmée des prépa-secondes, abandon des groupes de niveaux en 4ème et 3ème). Cependant, la FSU dénonce l’obstination de la ministre à maintenir, coûte que coûte les groupes en 6ème /5ème sans financement dédié, en favorisant trop souvent la mise en concurrence entre disciplines et personnels sur les moyens insuffisants d’autonomie. La FSU continue d’exiger l’abrogation de l’ensemble du Choc des savoirs.
Le premier ministre a reconnu lui-même que les enseignant·es étaient mal payé·es et « qu’il y a un gros travail à faire sur l’attractivité ». Pour de nombreux corps, le constat est identique : sous-payés, sous- dotés, sous-formés, avec des évolutions de carrière quasi inexistantes ou plus que discutables. La FSU porte depuis plusieurs années ses exigences pour une revalorisation indiciaire des salaires et des carrières sans contreparties (ce qui implique notamment l’abandon du Pacte dans l’Éducation). Sur la question des rémunérations, il est indispensable de s’engager rapidement dans une loi de programmation pluriannuelle. L’instabilité politique ne doit pas être un frein à cette démarche qui doit permettre d’ancrer dans la durée les décisions indispensables pour reconstruire le service public d’Éducation.
Malgré l’apparente bonne volonté, au moins en paroles, du nouveau ministre de la Fonction Publique, de nombreux problèmes demeurent, en particulier la question d’une baisse de l’indemnisation des arrêts maladie dont la FSU exige toujours la suppression. Alors que l’inflation cumulée depuis 2022 est à plus de 12 %, le maintien de la suppression de la GIPA, le gel de la valeur du point d’indice, continuent de faire payer au prix fort la crise inflationniste aux seuls fonctionnaires. La FSU condamne ces mesures et l’absence de toute nouvelle mesure salariale pour les personnels de l’Éducation nationale dans le budget 2025, tout comme les propos de la ministre du travail visant à taxer les retraité·es pour financer la protection sociale ou la volonté du Sénat de créer une deuxième « journée de solidarité » non rémunérée pour renflouer les caisses de la branche autonomie de la Sécurité sociale.
En ce qui concerne l’ordre du jour de ce CSA-SD, la FSU conteste les choix de répartition de la dotation académique, rejetés unanimement par les organisations syndicales représentatives en CSA, qui vont encore dégrader nos conditions de travail et les conditions d’études des élèves au profit d’une gestion purement comptable. En diminuant le nombre d’heures postes, il crée ainsi, délibérément, les conditions pour supprimer massivement des postes dans le second degré (-22 ETP dans le département) alors que la baisse démographique aurait pu être l’occasion de diminuer les effectifs par classe et de se rapprocher de nombreux pays européens. Il n’en sera rien puisque, à la rentrée 2025, en collège, de nombreuses classes seront proches du seuil à 29-30 élèves par division en comptant les élèves d’ULIS, comme par exemple à Aire sur Adour, Jean Moulin ou Albret à Dax, voir dépasseront le seuil comme à Labenne avec 152 élèves avec les inclusions d’ULIS en troisième pour seulement 5 divisions. Ce n’est plus de l’inclusion mais de la maltraitance !
Dans les Lycées Landais, le constat est le même que dans les collèges, On profite d’une légère baisse démographique pour supprimer des heures, 90h au lycée Duruy qui recrute pourtant sur un collège REP avec un IPS faible. Et vous prévoyez un taux d’encadrement de 34,3 élèves par classe de Seconde, sans compter le différentiel d’une quinzaine d’élèves arrivés après le 1er septembre chaque année. Quelle maltraitance envers les élèves et le personnel !
La baisse des DHG, dans de nombreux établissements du département, va encore une fois multiplier les services partagés, entraîner l’imposition d’heures supplémentaires là où des postes pourraient être maintenus, renforcer la concurrence entre disciplines et entre établissements du fait d’une marge d’autonomie toujours insuffisante, fragiliser certains enseignements, certains dédoublements et certaines options, mettre à mal les conditions d’accueil des élèves en situation de handicap ou à besoins éducatifs particuliers alors que la loi handicap du 11 février 2005 a fêté ses vingt ans. L’École publique laïque, gratuite et obligatoire, mise à mal par les réformes successives, continue d’être maltraitée, les élèves et les personnels également !
Ce n’est pas la baisse démographique qui génère des suppressions de postes et de divisions : c’est le refus, pour l’heure, d’engager une politique budgétaire ambitieuse pour le service public d’éducation. C’est le refus de faire réussir les élèves en améliorant les taux d’encadrement dans les collèges et lycées publics. Pour la FSU, l’amélioration des conditions de travail de toutes et tous passe nécessairement par une réduction significative des effectifs dans les classes et des recrutements à la hauteur des besoins, ce qui implique d’améliorer en urgence l’attractivité de nos métiers et de revaloriser les salaires de toutes et tous sans contrepartie.
Pour finir, la FSU, comme tous les ans, s’est engagée depuis deux mois dans la construction du 8 mars 2025, journée internationale des droits des femmes. À Mont de Marsan, la FSU a œuvré au rapprochement des organisations syndicales avec les associations féministes et humanistes, pour proposer encore cette année une journée festive place St Roch. Les personnels y dénonceront l’inaction intolérable du ministère qui persiste à piétiner l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Ils rappelleront leur attachement fort à l’égalité professionnelle. La FSU est solidaire avec les femmes du monde entier qui luttent pour leurs droits, pour un monde de paix, de justice sociale et de solidarité, pour des sociétés plus démocratiques, égalitaires, féministes et écologistes.
En attente de réponses concrètes, nous vous remercions pour votre écoute.