Mercredi 8 avril, s’est tenu pour la première fois un bien curieux CHSCT. Confrontés comme chacun de nous à la brutalité de l’irruption de cette crise sanitaire sans précédent, comme elle s’y était engagée, l’Administration a décidé de réunir par vidéoconférence le CHSCT des Landes pour répondre aux questions que la FSU et les autres syndicats n’ont pas manqué de lui poser. C’est donc derrière une webcam et devant un écran que nous avons pu prendre connaissance des nombreuses informations apportées par le Dasen des Landes.
Un compte rendu exhaustif, incluant la déclaration FSU est disponible en ligne ici. Cet article n’a donc pas pour vocation d’en reprendre le contenu, mais plutôt d’en proposer une analyse.
Les informations ont été nombreuses et le DASEN des Landes a essayé d’être le plus exhaustif possible et transparent également. Ce canal de communication est un des rares dont dispose encore l’Administration pour nous faire redescendre les informations.
Que constatons-nous ? Plongés dans la nuit noire du confinement généralisé, nos collègues ont fait preuve d’inventivité, d’ingéniosité pour essayer de suppléer le manque cruel d’anticipation de notre administration et la désorganisation du service de l’Education Nationale. Leur conscience professionnelle, saluée, louée, même par le DASEN des Landes, les a entraînés sur plusieurs chemins non balisés.
Il y a eu tout d’abord le volontariat de nombre de nos collègues qui se sont spontanément présentés pour encadrer les enfants de soignants. Un fichier a été constitué pour les répertorier, mais finalement le besoin n’était pas si important et peu d’entre eux ont été réellement sollicités. Les conditions d’accueil se révèlent très difficiles à mettre en place lorsqu’il s’agit de faire respecter les gestes barrières aux touts petits qui ne les comprennent pas. Les équipes ont tourné en binôme (un enseignant et un non enseignant) pour assurer cette garde. Mais bien des carences subsistent : il n’y a pas eu de fiches protocoles pour l’accueil pas plus que pour le nettoyage des salles utilisées… Il y a également une partie des personnels de santé de notre département qui se sont portés volontaires pour aider en fonction des besoins et des capacités individuelles reconnues. A la connaissance du DASEN, dans les Landes, il n’y a pas eu de personnels EN touchés et officiellement déclarés à l’exception notable d’un collègue du lycée Haroun Tazieff et de sa femme au tout début de la crise. Sur les lieux d’accueil, un personnel communal ayant contracté le virus, a entrainé la mise en quarantaine de tous ses « contacts » ainsi que la fermeture du site…
Il y a eu ensuite le travail invisible de toute notre communauté éducative. Celle-ci a essayé, du mieux qu’elle le pouvait et souvent avec ses moyens personnels tant les moyens fournis par l’Etat sont maigres, de conserver le contact avec les élèves et d’assurer cette soit-disant « continuité pédagogique » clamée dans les médias par notre Ministre. Le DASEN s’est engagé à étudier toute demande de prise en charge financière si des frais personnels trop importants devaient être engagés. Chacun a utilisé ce qu’il pouvait, ce qu’il connaissait et a communiqué, qui par Pronote, qui par l’ENT, qui par e-mail, qui par la classe à distance du Cned, et a essayé de donner des indications pour maintenir un niveau de travail. Les problèmes sont nombreux et il faudra revenir sur ce manque d’équipements, sur le temps passé devant écrans, sur la communication des numéros et adresses personnels ainsi que sur les choix de plateformes utilisées. Rappelons que seuls les outils institutionnels devraient être utilisés pour protéger les données des utilisateurs et pour éviter toute mise en cause des enseignants avec Discord, Gmail etc. Au-delà, c’est une grande bienveillance qu’a exprimée notre Dasen pour toute initiative privée. Comment pourrait-il en être autrement ? Il s’est par ailleurs prononcé pour que nous donnions du travail d’une semaine à l’autre, les élèves n’étant pas en condition de se caler sur un emploi du temps normal.
La FSU a demandé et obtenu que soit envoyé à tous une fiche technique sur le port et l’utilisation des masques ainsi qu’une fiche sur « comment installer ou améliorer son poste informatique chez soi ».
La FSU a également demandé et obtenu l’octroi d’un CHSCT extraordinaire préalable à toute reprise après confinement pour en étudier les conditions et modalités. Le Dasen s’est par ailleurs prononcé pour une reprise progressive avec réunion des personnels seuls, avant de retrouver les élèves pour des échanges et une poursuite pédagogique dans un 3ème temps. Les questions ne manqueront pas : dépistage systématique, protections, protocoles…
Il est également apparu que l’Education Nationale a mis à disposition des personnels accueillant des élèves de soignants et des médecins tous les moyens dont elle pouvait disposer en stock dans les établissements concernés : masques, charlottes, lunettes, tenues de protection…. Un inventaire des imprimantes 3D présentes au sein des établissements landais a été dressé afin de fabriquer diverses pièces plastiques nécessaires au médical (supports pour visière, embouts spéciaux pour masques « Décathlon »…). Ces imprimantes ne pourront fonctionner qu’avec les personnels volontaires. C’est grâce à cet effort dont on imagine qu’il a été reproduit dans toute la Fonction Publique que notre système de santé pourtant tant attaqué et mis à mal par le passé, a pu contenir tant bien que mal le choc de cette vague. Si on peut légitimement être fier que l’Education Nationale ait participé à cet effort national, il faudra quand même revenir sur l’indigence des moyens dont disposait notre système de santé. Et se poser la question de stocks à reconstituer en vue de potentielles futures crises….
Au final, cette réunion extraordinaire est apparue comme l’indispensable maillon entre les lieux de pouvoir, de décisions et les collègues. Un lieu d’échanges et de discussions permettant de confronter nos différents points de vue. Sur beaucoup de points le DASEN est d’accord avec l’analyse faite par la FSU. Ceci est d’autant plus intéressant que cette crise est apparue au moment de la suppression des CHSCT dans leur forme actuelle.
On voit bien que ces petits contre-pouvoirs sont les seuls remparts dont nous disposons encore pour faire porter nos voix, nos besoins, nos exigences. Le seul contrôle de ce que fait l’Etat pour nous. La FSU a pu montrer son unité et sa capacité à porter la voix de nos collègues qui souffrent actuellement des effets de la situation du pays.
Vous trouverez aussi ici le compte rendu du CHSCT national du 20 mars ,
ici celui du CHSCT académique.