Voilà plusieurs semaines que les enseignants du collège sont mobilisés contre un certain nombre de dysfonctionnements actuels et de projets de réformes (Loi Blanquer sur l’éducation et loi de transformation de la Fonction Publique).
Nous avons trouvé un moyen d’action qui faisait l’unanimité : opérations « coup de poing » chaque mardi matin, avant les cours, de 8H à 8H30. Le but était de médiatiser, de faire prendre conscience aux parents et à l’opinion publique des problèmes existant…et à venir…pour faire évoluer les choses !
Exemples d’actions réalisées :
-> enseignants bâillonnés, qui ne pourront plus manifester leurs désaccords sur les réformes de notre ministère, même si nous estimons qu’elles vont dégrader encore plus les conditions d’enseignement et d’apprentissage. Il s’agit de dénoncer l’article 1 du projet de loi d’« école de la confiance » où une obligation de réserve est prévue.
-> classe extérieure sans prof : cherchons prof !
-> pôle emploi cherche enseignants, avec tract explicatif aux parents (information générale sur les réformes en cours)
-> tract donné à tous les élèves, centré sur la problématique récurrente des non-remplacements des professeurs absents : état des lieux critique cette année au collège : depuis le 8 février, les classes de 4° et 3° SEGPA n’ont pas cours de biotechnologie (18h), et depuis début mars 2 classes de 6°, 1 classe de 4° et 1 classe de 3° n’ont pas de professeur de français, faute de professeur remplaçant ! Et un collègue de mathématiques, en arrêt maladie 15 jours, n’a pas été remplacé.
-> réunion d’information et d’échanges proposée aux parents mardi soir 7 mai : pour leur expliquer plus précisément pourquoi nous faisons ces actions et leur demander un soutien; car c’est pour leurs enfants qu’on se mobilise aussi et surtout !
…Depuis, une enseignante remplaçante a été trouvée en français et une en biotechnologie, mais cette dernière n’assure que 9h sur les 18h nécessaires…Les programmes seront difficiles à « boucler » !
Comment fonctionnent les remplacements des professeurs absents ?
L’administration (Rectorat) ne prévoit plus de remplacements en-deçà de 15jours d’absence. Les établissements doivent se débrouiller en interne. Les enseignants sont sollicités pour remplacer leurs collègues, quand c’est possible ; mais c’est sans compter les problèmes de faisabilité, de charge de travail supplémentaire, de fatigue accrue…
Pour les remplacements de plus longue durée, des professeurs « titulaires remplaçants » sont normalement disponibles pour pallier les absences sur une zone. Malheureusement la politique nationale étant la suppression du nombre de fonctionnaires, ces « titulaires remplaçants » sont de moins en moins nombreux. Employés majoritairement à l’année, faute de titulaires sur poste, ils n’assurent plus leur fonction dédiée au remplacement.
Pour répondre à ces besoins, l’administration a fait le choix de recruter de plus en plus de contractuels (personnels non titulaires, précaires en CDD, corvéables à merci, pas toujours formés au métier d’enseignant). Les chefs d’établissement sont parfois obligés d’aller chercher des professeurs remplaçants sur pôle emploi, parfois des ingénieurs pour faire des heures en mathématiques…
Le projet de réforme de la fonction publique envisage le recrutement sous contrat, remettant en cause un recrutement par concours qui selon les avis rendus du CESE (Conseil Economique Social et Environnemental saisi par le 1er Ministre en 2018) est « la pratique la plus simple et la plus juste, donc aussi la moins critiquable, pour recruter des effectifs significatifs ». Avis que nous soutenons et qui mentionne également « le recours aux Contrats à Durée déterminée doit être diminué ». Contrat qui remet en cause le statut de la Fonction Publique et ses principes essentiels qui sont l’égalité, l’indépendance et la responsabilité. Principes solides, donnant des droits et des devoirs aux fonctionnaires qui permettent la mise en œuvre d’un service public neutre, intègre sur tout le territoire.
Et quand, il n’y a pas assez de professeurs avec des effectifs qui progressent de plus en plus, ce sont des classes avec un nombre d’élèves pouvant atteindre les 30 en collèges, 35 et plus en lycées. Ce sont des conditions d’apprentissage, d’enseignement dégradées pour les élèves et professeurs.
Etat des lieux à la rentrée 2018 dans l’académie de Bordeaux rien que pour la discipline EPS (éducation physique et sportive) :
Alors que les besoins ont augmenté avec + 2600 élèves dans le second degré :
– 15 postes de titulaires remplaçants ont été supprimés alors que nous revendiquons un recrutement de 10% de titulaires remplaçants pour assurer la continuité et la qualité du service public.
– 5 zones de remplacement sont restées vacantes
– 12 postes fixes n’étaient pas pourvus à la rentrée (dans le 24, le 47 et 1 dans le 64)
– 7 TZR restaient disponibles sur toute l’académie pour assurer des remplacements
– 36 contractuels étaient déjà embauchés ;
– Le taux de remplacement des TZR disponibles était de 0.85% !!! Alors qu’il devrait être de 8 à 10% !
Dans le Lot et Garonne, des élèves du collège de Monsempron-Libos sont restés sans professeur d’EPS de septembre 2018 à mars 2019 !
Au 15 mars, 109 contractuels étaient embauchés en Education Physique et sportive sur l’académie de Bordeaux.
Perspectives pour la rentrée 2019 : en EPS dans l’académie, le problème va se reproduire car alors qu’il y aura 64 postes vacants (départs en retraite), seuls 45 professeurs arrivent dans l’académie.
Et il faudrait faire confiance à la politique de M Blanquer ?
C’est bien pour cela que le SNEP-FSU et les autres syndicats de la FSU revendiquent une augmentation urgente par voie de concours du nombre de postes de professeurs titulaires.